1928

Les réserves de chasse et le refuge faunique Thelon

Les traités nos 8 et 11 promettaient aux Autochtones l’accès à leurs terres ancestrales et à leurs moyens de subsistance sans interférence de la part d’aucun gouvernement. Pourtant, en 1916, la Convention concernant les oiseaux migrateurs crée une saison de chasse obligatoire. En 1917, une loi réglementant le gibier aux Territoires du Nord-Ouest du Canada instaure une saison de fermeture pour l’orignal, le caribou, le vison, le rat musqué, les lagopèdes, les oies sauvages, les canards sauvages et d’autres animaux similaires. La saison de chasse au castor prend fin en 1928, car il ne reste plus qu’une poignée de castors à piéger après la trappe intensive du commerce de la fourrure. Des problèmes se profilent aux TNO, et les actions unilatérales du gouvernement canadien ne tiennent pas compte des effets des nouvelles règles sur les résidents du territoire ni des contradictions avec les traités.

Dans les années 1920, des trappeurs non autochtones s’installent sur les terres des Dénés; sans famille à faire vivre et bien équipés pour exploiter de longues lignes de piégeage, ils éliminent efficacement tous les animaux à fourrure des régions où ils trappent. Les avions aident ces trappeurs à se rendre dans des régions éloignées. En 1923, alors que les rats musqués, autrefois abondants, semblent s’être évaporés, même les représentants du gouvernement suggèrent la création de réserves de chasse à l’usage exclusif des Autochtones. Cette année-là, les premières réserves de gibier sont établies. En 1928, la plus grande zone destinée au bœuf musqué du réseau fluvial Thelon est également créée. On envisage de donner accès aux chasseurs autochtones locaux, mais en fin de compte, le refuge faunique Thelon est fermé à tous afin de protéger les troupeaux de bœufs musqués.

En 1928, William Hoare, le premier garde-chasse du refuge faunique Thelon, et son assistant Jack Knox, de Fort Smith, construisent un poste de garde sur la rivière Thelon, aujourd’hui appelé Warden’s Grove. De là, ils commencent à patrouiller dans le refuge. Ils en chassent tous les Dénés en les menaçant de les emprisonner s’ils sont pris en train de chasser ou de piéger dans les limites du refuge.

Chassant dans la région depuis des milliers d’années, les Dénés et les Inuits peinent à comprendre de quel droit les non-Autochtones les empêchent de chasser sur leurs terres ancestrales. L’accès restreint est particulièrement difficile à accepter pour les Autochtones qui ont vu Hoare et Knox chasser dans le refuge alors que leurs réserves commençaient à s’épuiser.

Les premiers gardes-chasse ne restent au refuge faunique Thelon que deux ans. Le rapport que Hoare prépare pour le gouvernement fait particulièrement référence aux préoccupations des Dénés et à leurs zones de chasse traditionnelles. La taille du refuge est finalement réduite et les Dénés peuvent reprendre la chasse au caribou, mais pas au bœuf musqué, sur une grande partie de leurs terres ancestrales.

À l’époque, le rapport de Hoare permet de sensibiliser les gens à la situation critique du bœuf musqué. La taille des troupeaux commence lentement à augmenter, mais la situation économique des chasseurs dénés et inuits de la région reste précaire. La décennie suivante sera une période de désespoir.