1789

Sir Alexander Mackenzie et le Dehcho

En 1789, Alexander Mackenzie a mené une expédition le long de la Grande Rivière du Nord, connue sous différents noms parmi les groupes autochtones des TNO.   

À 24 ans, Alexander Mackenzie était le commandant en second au poste de traite des fourrures de Peter Pond sur la rivière Athabasca, situé à 65 kilomètres au sud du lac Athabasca, dans le nord-est de l’Alberta. Au printemps de 1788, lorsque M. Pond a quitté le Nord, M. Mackenzie a repris ce poste de la Compagnie du Nord-Ouest.   

Grâce aux connaissances des peuples autochtones qui faisaient des échanges au poste de la rivière Athabasca, Peter Pond avait préparé une carte montrant l’endroit où les rivières Athabasca et de la Paix se joignent pour former la rivière des Esclaves, et se déverser ensuite vers le nord dans un grand lac (appelé Grand lac des Esclaves par les colons nouvellement arrivés) et montrant, tel qu’on croyait alors, la Grande Rivière du Nord couler vers l’ouest et finalement vers le nord jusqu’à l’océan Arctique. Toutefois, avant de quitter le Nord, M. Pond a modifié les détails de la carte de façon à plutôt montrer la Grande Rivière du Nord se déverser à l’ouest du Grand lac des Esclaves vers l’océan Pacifique. Ce changement contredisait les connaissances communes aux peuples autochtones de la région.   

En 1788, un nouveau poste de traite nommé Fort Chipewyan a été établi sur le lac Athabasca, et c’est à partir de ce poste que, le 3 juin 1789, M. Mackenzie a mené un groupe pour explorer le fleuve qu’il appelait Grande Rivière. S’il s’avérait exact qu’il s’écoulait vers l’ouest jusqu’au Pacifique, la Compagnie du Nord-Ouest aurait une route plus rapide et moins coûteuse vers le riche territoire à fourrure du Nord-Ouest. À cette époque, la concurrence pour les fourrures du nord-ouest était féroce.  

Le groupe d’explorateurs canadiens-français d’Alexander Mackenzie incluait également un chef Dëne Sųłıné, nommé Awgeenah (aussi appelé Nestabeck et Chef anglais), et des membres de sa famille. Le groupe a descendu la rivière des Esclaves, traversé le Grand lac des Esclaves, toujours encombré de glace, et descendu ensuite la Grande Rivière (voir la carte).  

Le voyage en aval n’a pris que 14 jours. Il n’a pas fallu longtemps à M. Mackenzie pour s’apercevoir que la carte de Peter Pond était erronée. La Grande Rivière menait à l’océan Arctique, non pas au Pacifique. Le voyage aller-retour de près de 5 000 kilomètres a pris un total de 102 jours. Le groupe a rencontré très peu de Dénés lors de cette expédition, peut-être parce que les Dénés pêchaient dans les eaux intérieures à cette époque de l’année.   

Sir John Franklin a d’abord utilisé le nom de « fleuve Mackenzie » dans son journal « Journey to the Shore of the Polar Sea » [Récit d’un voyage vers les rivages de la mer polaire] (Londres, 1823). Dans son journal de 1828, Sir John Franklin déclare : « Pour honorer la mémoire d’Alexander Mackenzie, j’espère que la coutume d’appeler ce fleuve la Grande Rivière, qui est d’usage général chez les commerçants et les voyageurs, sera abandonnée et que le nom de son éminent découvreur sera adopté universellement. »   

Bien que la « Grande Rivière » soit connue sous le nom de fleuve Mackenzie, elle porte également des noms traditionnels autochtones officiels :

  • Dehcho signifie ‘grande rivière’ en Déné du Dehcho
  • Deho signifie ‘grande rivière’ en Déné du Sahtu
  • Grande Rivière, porte la signification du même nom en Michif
  • Nagwichoonjik signifie ‘grande rivière’ en Gwich’in/li>
  • Kuukpak, signifie ‘grande rivière’ en Inuvialuktun