Vieille de 2 400 ans

Une fléchette

Depuis 2005, des archéologues du Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles travaillent en collaboration avec les Shúhtagot’ine pour fouiller plusieurs bandes de glace alpine dans la région du Sahtu. Cette fléchette est un exemple d’un des nombreux outils de chasse que l’on a trouvé durant cette fouille archéologique.

Les bandes de glace alpines sont formées de la neige qui tombe sur le côté nord des montagnes en hiver. Pour les caribous, ces bandes de glace constituent un habitat essentiel durant l’été. Protégées du soleil, ces couches annuelles de neige ne fondent pas entièrement pendant l’été. Elles leur permettent donc de se rafraîchir et d’obtenir un répit des nuées d’insectes voraces. Les bandes de glace prennent de l’ampleur chaque année grâce à la neige fraîche qui s’ajoute aux couches de glace et d’excréments de caribou compressées. Dans les monts Selwyn, aux Territoires du Nord-Ouest, certaines bandes de glace datent d’il y a plus de 5 000 ans.

Les Shúhtagot’ine (« peuple des montagnes »), maintenant principalement installés à Tulita, vivent et chassent dans cette région alpine chevauchant les monts Mackenzie et Selwyn depuis des milliers d’années. Les chasseurs qui utilisaient les bandes de glace ont laissé derrière eux des preuves de leurs activités. Lorsqu’emprisonnés dans la glace, même les plus fragiles des artéfacts peuvent être préservés, notamment le fût d’une flèche en bois, des fixations en babiche, des plumes utilisées pour empenner des flèches, un collet vieux de 1 000 ans, et des morceaux d’une fléchette.

La fléchette est un outil de chasse très ancien utilisé par les sociétés de chasseurs-cueilleurs du monde entier. Ici, on trouve une hampe fabriquée à l’aide d’une branche d’amélanchier, accompagnée d’un morceau du fût fait en bouleau et de sa pointe de projectile faite de pierre. Les Dénés de la région ont mentionné aux archéologues qu’il existe des histoires dénées sur Yamǫǫ̀zha (le nom shúhtagot’ine pour Yamǫ́rıa) qui cueille des branches d’amélanchiers pour en faire des fûts de flèche, établissant ainsi un lien direct entre cette découverte archéologique et la tradition orale.