1964

John Tetso (Tsetso) « Trapping is My Life »

John Tetso est un Déné du Dehcho originaire du nord de Fort Simpson, dans la région de la rivière Willowlake. Né en 1921, il vit de la chasse et du piégeage, en alternant occasionnellement avec des postes d’employé. Grand lecteur et amateur d’émissions de radio, John souhaite partager des récits. Il apprend donc à taper à la machine lors de son passage au bureau gouvernemental de la faune, en 1953. Il rédige ses anecdotes sur ce même outil, à l’aide d’un grand dictionnaire illustré Webster, afin que les lecteurs puissent se représenter sa vie et s’inspirer de son parcours pour entretenir le lien avec leur terre natale.

Pendant plusieurs années, John Tetso écrit pour le bulletin de l’église catholique de Fort Simpson. En 1964, ses histoires sont compilées et polycopiées en un court recueil intitulé Trapping is My Life, alors vendu 10 sous par John lui-même et par l’intermédiaire de son église. Des illustrations de John Farcy viennent accompagner l’ouvrage, lequel suscite l’attention, dans la mesure où il s’agit de l’une des premières initiatives autobiographiques d’un Autochtone, à une époque où les seules publications portant sur les modes de vie des Dénés et des Inuvialuits sont l’œuvre de personnes non autochtones.

Il y relate les aventures passées de son père et de ses frères, en faisant part d’observations mordantes qui rappellent aujourd’hui les valeurs que sont le travail acharné, la patience et la persévérance. Sa plume acérée et intemporelle décrit l’indépendance et l’appréciation de la chance comme des défis propres à la vie de trappeur : « Un sentiment au-delà de toute description m’envahit alors que je me tenais là, seul, et que je contemplais les merveilles de la création. »

Bien qu’ayant fréquenté l’école pendant seulement trois ans, John Tetso reste un écrivain talentueux. Pourtant, son manque d’éducation lui vaut d’abord quelques réserves. C’est pourquoi il reçoit, avec sa famille, la visite du Père Turcotte, de Fort Simpson, au début de l’été 1964, qui envoie ensuite une lettre au journal de Yellowknife, The News of the North, afin de confirmer la vie de l’auteur. Ce dernier décide d’écrire également au journal et clarifie avec humour les commentaires du Père Turcotte, faisant ainsi un peu plus démonstration de son talent de narration.

John Tetso meurt d’une pneumonie le 20 septembre 1964, à l’âge de 43 ans. Il laisse derrière lui sa femme Jane et ses enfants Ernest, Florence et Virginia, ainsi que des récits qui méritent de passer à la postérité, tant ils capturent l’essence d’un moment précis de l’histoire des Territoires du Nord-Ouest. En 1970, quatre ans après le décès de John Tetso, son recueil Trapping is My Life est repéré par une grande maison d’édition, qui le publie en bonne et due forme. Cet ouvrage a été réimprimé à quatre reprises au cours des 50 dernières années.