2012

Ouverture du pont de Deh Cho

« Deh Cho » est le nom déné du fleuve qui coule du Grand lac des Esclaves à l’océan Arctique. En 1828, Sir John Franklin, demande que l’on nomme ce fleuve « Mackenzie », nom que l’on trouve aujourd’hui sur les cartes et les documents du gouvernement. Pendant des décennies, lorsque l’on se rend à Edmonton en voiture en provenance de Fort Providence, Behchokǫ̀ ou Yellowknife, on doit emprunter le traversier en été et le pont de glace en hiver pour traverser le fleuve Mackenzie. Pendant plusieurs semaines par année durant le gel et le dégel du fleuve, ces collectivités ne sont accessibles que par avion, ce qui limite les déplacements des résidents et fait grimper la facture d’épicerie. On a souvent contemplé l’idée de construire un pont de 1,1 km qui enjamberait le fleuve, mais le projet n’a jamais vu le jour en raison des coûts trop élevés, du nombre restreint de véhicules qui l’emprunteraient et des difficultés techniques attribuables aux conditions météorologiques saisonnières.

En 2001, un groupe de travail, composé de dirigeants dénés et métis de Fort Providence, se forme pour réexaminer le projet. C’est en 2002, munie d’un exposé d’intention, que la Deh Cho Bridge Corporation, formée de dirigeants du gouvernement autochtone, présente au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest un projet public-privé pour la construction du pont. Ce dernier serait financé grâce à un contrat de cession-bail de 35 ans avec le GTNO et à l’installation d’un système de péage pour les véhicules commerciaux. En 2007, l’Office d’examen des répercussions environnementales de la vallée du Mackenzie donne son approbation réglementaire, ce qui ouvre la voie à la réalisation du projet.

Les estimations initiales établissent les coûts à 169 millions de dollars pour la construction d’un pont à poutres triangulées en acier composite de neuf portées comptant deux voies et comportant une portée principale soutenue par des câbles. Toutefois, un examen indépendant du GTNO oblige les responsables du projet à revoir la conception du pont, conçu en 2002, ce qui entraîne des retards. En 2010, le GTNO est contraint d’assumer la responsabilité de la dette et des actifs de la Deh Cho Bridge Corporation en raison de complications liées à la conception, au contrôle de la qualité et à la construction. Les coûts sont alors estimés à 182 millions de dollars. Les travaux reprennent peu après, et la construction se termine finalement en 2012. On estime les coûts totaux à 202 millions de dollars.

Le 30 novembre 2012, le pont de Deh Cho ouvre à la circulation. Un véhicule peut le traverser en 54 secondes, et 150 000 véhicules le traversent chaque année. En 2013, l’International Bridge Conference décerne la médaille Gustav Lindentahl aux concepteurs du pont, car il « cohabite en harmonie avec l’environnement, a une valeur esthétique et favorise avec succès la participation communautaire ». Bien que le pont ait été construit pour les gens et les véhicules, les bisons aussi étaient bien heureux de l’emprunter. En effet, le GTNO a dû installer une barrière canadienne pour les empêcher de traverser allègrement le nouveau pont, et ce, sans payer!