1930

Eldorado et la première ruée minière 

Avant les années 1930, la plupart des collectivités des Territoires du Nord-Ouest (TNO) étaient à l’origine des postes de traite de fourrures ou des missions catholiques. Ces postes de traite constituaient un moyen simple pour les trappeurs dénés, métis et inuvialuits d’échanger leurs fourrures et d’acheter des fournitures. Les postes se sont développés au cours des années 1950 et 1960, lorsque les familles ont quitté les camps périphériques pour trouver du travail, accéder aux services gouvernementaux comme les soins de santé et l’éducation, et se rapprocher des épiceries et des fournitures. 

L’histoire et l’origine des villes minières aux TNO sont très différentes, car elles étaient situées là où les minéraux étaient découverts, souvent à plusieurs kilomètres de la collectivité la plus proche. La société minière devait construire un village entier en pleine nature pour attirer les employés; elle était généralement propriétaire des maisons, des magasins et des installations récréatives. L’existence de la ville était entièrement liée à l’entretien et à la production de la ressource, qu’il s’agisse d’or, d’uranium ou de minerai de fer. Tant que la mine fonctionnait, la ville restait ouverte.

La première grande exploitation minière aux TNO a été la mine de radium, d’argent et d’uranium Eldorado, à proximité du Grand lac de l’Ours. Le prospecteur ontarien Gilbert Labine était à la recherche d’argent et de cobalt en 1929-1930 lorsqu’il est tombé sur une formation intéressante du côté est du Grand lac de l’Ours – du minerai d’uraninite.

Le radium, l’élément le plus rare et le plus précieux alors connu, pouvait être extrait de l’uraninite et était prisé dans le domaine médical pour ses applications potentielles de traitement du cancer. Si l’on considère que la valeur du radium au poids était de 15 000 $ par gramme raffiné, toute nouvelle découverte d’uraninite était très attrayante et créait des remous dans la communauté des investisseurs.

Le claim minier de Gilbert Labine est devenu la mine Eldorado (également connue sous le nom de Port Radium) et a déclenché une ruée minière aux Territoires du Nord-Ouest. Les colons se sont déplacés vers le nord en 1932-1933 pour avoir leur part du gâteau et ont fondé la petite ville de Cameron Bay au centre du nouveau district du radium et de l’argent. Ottawa a ensuite envoyé des arpenteurs, des agents de la GRC, des opérateurs radio et des agents du gouvernement en prévision d’une activité industrielle accrue. En 1937, cependant, Cameron Bay avait disparu, car les prospecteurs n’avaient pas réussi à trouver de nouveaux gisements importants de radium ou d’argent autour du Grand lac de l’Ours et s’étaient déplacés vers d’autres régions du Nord. Depuis le Grand lac de l’Ours, la recherche de minéraux s’est poursuivie, et de nombreux prospecteurs, commerçants et entrepreneurs qui vivaient auparavant à Cameron Bay ont contribué à la fondation de nouveaux camps miniers. La mine Eldorado a produit du radium, de l’uranium, de l’argent et du cuivre de 1933 à 1960 et a été la mine la plus prospère du Grand lac de l’Ours. Echo Bay Mines a rouvert les installations et repris les travaux souterrains de 1964 à 1982, en se concentrant sur la production d’argent et de cuivre.

L’industrie minérale s’est développée aux TNO des années 1930 aux années 1960 avec la découverte d’or à Yellowknife, tandis que des gisements de métaux communs et de tungstène ont été découverts dans des régions éloignées. Les économies du Nord se sont concentrées sur l’exploration et l’exploitation minières, et davantage de villes minières soutenues par les entreprises et le gouvernement ont été créées. Les responsables de la mine de plomb et de zinc de Pine Point ont bâti une ville dont la population a atteint un sommet de 1 900 habitants entre 1964 et 1988, année de la fermeture de la mine et du lotissement. La mine de tungstène de Cantung, dans les monts Mackenzie, a également compté un important lotissement géré par la société, de 1962 à 1986, année de sa fermeture. Depuis lors, l’industrie et le gouvernement se sont éloignés des villes minières peuplées de familles d’ouvriers, préférant le modèle de rotation des équipes de navetteurs qui établit des camps d’ouvriers plutôt que des villages offrant des services complets.