Les années  1880

La révolution des transports dans le Nord 

Avant 1880, voyager sur de longues distances dans le Nord demandait beaucoup de courage. Pour les commerçants non autochtones, se rendre de l’océan Arctique au siège social de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Montréal était un exercice complexe impliquant des bateaux à rames, des barges de York, des portages ainsi que beaucoup d’efforts et d’endurance. Au début des années 1880, la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique à travers le sud de l’Alberta a permis d’améliorer considérablement la liaison avec l’est du pays. La Compagnie de la Baie d’Hudson en a profité pour moderniser son système de transport dans le Nord.

Pour relier ce réseau ferroviaire méridional aux postes de traite éloignés du Nord, il aura fallu construire trois bateaux à vapeur pour naviguer sur le fleuve Mackenzie et sur les rivières des Esclaves et Athabasca; 3 000 kilomètres séparaient Athabasca Landing (aujourd’hui devenu la ville d’Athabasca, au nord d’Edmonton) du delta du Mackenzie en longeant ces voies navigables.

En 1883, la Compagnie de la Baie d’Hudson a achevé la construction du S.S. Grahame à Fort Chipewyan. Il reliait régulièrement Fort McMurray, dans le nord-est de l’Alberta, à Smith Landing (aujourd’hui Fort Fitzgerald) sur la rive de la rivière des Esclaves, près de la frontière actuelle entre l’Alberta et les Territoires du Nord-Ouest. Trois ans plus tard, en 1886, le S.S. Wrigley a été mis à l’eau à Fort Smith et a commencé à assurer un service régulier de transport de marchandises et de passagers vers les postes de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson, situés le long de la rivière des Esclaves, du Grand lac des Esclaves et du fleuve Mackenzie, jusqu’au poste de traite de Fort McPherson, sur la rivière Peel. Le S.S. Athabasca a été mis à l’eau en 1888 à Athabasca Landing, achevant ainsi la construction de ce système de transport unique. Avec l’évolution des transports, de plus en plus de personnes arrivaient du Sud, certaines pour l’aventure, d’autres pour saisir des occasions économiques et d’autres encore pour rechercher des occasions d’exploitation des ressources. Ces changements ont permis de transporter les fourrures, les produits et les personnes plus facilement et plus rapidement, ce qui a mené au développement de nouvelles collectivités, mais aussi à la propagation de maladies, à une plus grande exposition aux pratiques coloniales du Sud et à l’installation de populations non autochtones.