1942

Projet CANOL, Deuxième Guerre mondiale 

En 1939, le Canada entre dans un conflit mondial qui aura des répercussions durables sur les Territoires du Nord-Ouest (TNO). La Deuxième Guerre mondiale a freiné l’activité aurifère autour de Yellowknife lorsque les hommes sont partis combattre en Europe, et a eu des répercussions sur la disponibilité des fournitures essentielles pour de nombreuses collectivités. La guerre a d’abord calmé l’effervescence de l’activité liée aux ressources minérales, mais on s’est vite rendu compte de l’importance militaire stratégique des TNO.

Au cours des semaines qui ont suivi le bombardement de Pearl Harbor à Hawaï le 7 décembre 1941, l’armée américaine a anticipé des difficultés pour transporter du carburant et des fournitures vers ses bases en Alaska, le long de la côte ouest exposée de l’Amérique du Nord. Pour pallier ce problème, les autorités ont entrepris deux grands projets intérieurs : la construction de la route de l’Alaska et le projet CANOL.

Pendant la guerre, le projet CANOL (« Canadian Oil ») a entraîné des répercussions importantes aux TNO, au Yukon, en Alaska, et dans le nord de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Le projet consistait à envoyer du pétrole brut par un oléoduc depuis Norman Wells, le champ pétrolifère le plus septentrional d’Amérique du Nord, jusqu’à une raffinerie située à Whitehorse, au Yukon. De Whitehorse, les produits pétroliers allaient être acheminés par oléoduc vers les collectivités de Skagway et de Fairbanks, en Alaska, ainsi que vers Watson Lake, au Yukon.

Le projet comprenait la construction de 3 985 kilomètres de routes d’hiver et d’été, de 2 512 kilomètres de conduits, de parcs de stockage, de terrains d’aviation et d’une raffinerie de pétrole. Ce projet titanesque a été lancé en juin 1942 et, 20 mois plus tard, la « jonction dorée » a été réalisée au col Macmillan, à la frontière entre les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon, pour achever l’oléoduc.

La construction du projet CANOL a été un effort extraordinaire qui a coûté des centaines de millions de dollars, ce qui en fait « l’un des plus grands projets de ce type et un projet certainement sans équivalent dans le Nord ». Au total, 30 000 hommes ont participé aux travaux, principalement des civils américains travaillant pour la société de construction californienne Bechtel-Price-Callahan (B-P-C).

L’oléoduc traversait des vallées entourées de majestueuses montagnes et des cols élevés, un territoire qui avant 1942, était exclusivement celui des Dénés des montagnes. Les Dénés ont servi de guides et ont aidé les militaires américains à tracer le parcours de l’oléoduc et de la route le long de l’un de leurs sentiers traditionnels reliant la vallée du Mackenzie au Yukon. Pourtant, peu d’entre eux ont été embauchés pour la construction ou ont bénéficié de l’arrivée massive de travailleurs et de fournitures.

Le 8 mars 1945, l’armée américaine a donné l’ordre de mettre fin au projet. L’oléoduc n’était en service que depuis un peu moins de 11 mois. Une grande partie des conduits et certains des bâtiments et équipements associés ont été récupérés, mais ce qui est resté – une route envahie par la végétation et des traces éparses de ce qui était considéré comme le plus grand projet de construction depuis la création du canal de Panama – a été désigné comme sentier touristique du patrimoine en 1996.