1947

Les Rangers canadiens

Pendant la guerre froide (1947-1991), le Nord canadien a pris une importance stratégique en tant que première ligne de défense de l’Amérique du Nord contre les attaques russes. Les Rangers canadiens ont joué un rôle important dans le plan de défense du Nord Canadien. En tant que milice de réservistes canadiens à temps partiel, les Rangers avaient pour responsabilité la protection de la souveraineté du Canada en « signalant des activités ou des observations inhabituelles, en recueillant des données locales importantes pour les Forces canadiennes et en effectuant des patrouilles de surveillance ou de souveraineté au besoin ». En 1947, les Rangers canadiens sont devenus le bras des Forces armées canadiennes dans le Nord. Leur mandat consistait à « assurer une présence militaire dans les régions peu peuplées côtières et isolées du Nord du Canada qui ne peut être assurée de façon commode ou économique par d’autres composantes des Forces canadiennes ».

Les Rangers canadiens de la 7e Compagnie ont été constitués en 1949 aux Territoires du Nord-Ouest; leur quartier général était à Yellowknife et des pelotons ont été établis à Fort Smith, Hay River, Coppermine et Port Radium sur le Grand lac de l’Ours.

En 1951, John Anderson-Thomson a été nommé commandant de la 7e compagnie des Rangers canadiens. M. Anderson-Thomson avait servi pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales comme officier commissionné. Plus tard, il est devenu arpenteur et géologue à Yellowknife. Il connaissait très bien le Nord et ce qu’il fallait pour le défendre. Le travail de M. Anderson-Thomson consistait à s’assurer que ses rangs étaient peuplés d’hommes disposant d’une expérience de combat et d’une connaissance du Nord.

Le ministère de la Défense était préoccupé par la situation dans le Nord et a élaboré un plan pour mettre à l’épreuve les défenses du Nord dans une série d’opérations militaires qu’il a appelées « Bulldog ». À l’automne 1954, M. Anderson-Thomson a reçu l’ordre de préparer ses Rangers pour l’opération « Bulldog III » ; il s’agissait d’une invasion simulée de Yellowknife par l’ennemi, le 1er Bataillon du Royal 22e Régiment, soit le fameux « Van Doos ».

M. Anderson-Thomson devait coordonner ses Rangers, le 24e Escadron de campagne du Génie royal canadien et une compagnie de cadets de l’Armée – un total de 65 hommes armés de vieux fusils Lee Enfield 303 britanniques et d’une douzaine de mitrailleuses légères – pour « mener une action dilatoire » en défense de Yellowknife. Ces tactiques dilatoires ont permis à une unité du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry de venir du sud en avion et de sauver Yellowknife.

M. Anderson-Thomson n’avait été informé que de la date approximative de l’invasion. Le moment venu, le vendredi 25 février 1955, à 15 h 30 précisément, il faisait -40°C, ce qui s’est avéré parfait pour un exercice militaire arctique. Le commandant du Van Doos avait reçu l’ordre de sécuriser l’aéroport et de s’emparer des stocks de carburant pour aviation situés sur l’île Jolliffe. Des batailles simulées ont été menées avec les Rangers, mais les membres du Van Doos n’ont pas réussi à percer le périmètre défensif astucieusement planifié autour de l’aéroport. M. Anderson-Thomson avait également organisé une couverture aérienne, qui a immédiatement « bombardé » les membres du Van Doos qui arrivaient. Lorsque les membres du Princess Pats sont arrivés le lendemain, ils ont été parachutés sur la baie de Yellowknife « sans que l’ennemi ne puisse intervenir », un ennemi qu’une troupe de broussailleux du Nord avait battu à plate couture. Les Forces armées canadiennes ont alors reconnu que pour avoir une présence militaire efficace dans le Nord, il fallait compter sur des connaissances locales pour assurer la survie sur le territoire et pour assister les personnes qui se déplacent dans la région.

Il y a aujourd’hui, 4 000 Rangers canadiens dans 165 collectivités du Canada, facilement reconnaissables par leurs chandails rouges et leurs casquettes.