1944

Numéros d’identification W

Les noms autochtones posent des problèmes au gouvernement du Canada lorsqu’il commence à dénombrer les personnes vivant dans le Nord. Dans les formulaires gouvernementaux, il faut indiquer un nom de famille et un prénom; une pratique peu courante chez les Autochtones. Les traditions d’appellation inuites et inuvialuites étaient plus flexibles, s’adaptant aux changements de la vie ainsi qu’aux liens familiaux et ancestraux. Les gens du Nord étaient admissibles aux nouvelles allocations familiales et aux programmes proposés aux aînés, mais devaient indiquer un nom de style européen dans les formulaires.

La solution du gouvernement à ce problème créera, en fait, de nouveaux problèmes. En 1944, on attribue aux Inuits un « numéro d’identification des Esquimaux ». On attribue aux personnes vivant à l’est de Gjoa Haven un nombre précédé de la lettre « E » (East) et à celles vivant à l’ouest, un nombre précédé de la lettre « W » (West). Grâce à ce nombre, on peut déterminer la région, la collectivité et la personne. Chaque personne reçoit un disque estampillé de son numéro qu’elle devra produire comme pièce d’identité aux postes de traite et à la GRC.

Vers la fin des années 1960, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest commence à réaliser que le système de disque est dénigrant, encombrant et désuet, et qu’il devrait être remplacé par des certificats de naissance délivrés par le gouvernement. Les gens de l’Arctique font pression pour qu’un système d’appellation canadien soit adopté et mis en place. Abe Okpik, un Inuvialuit d’Aklavik, reçoit le mandat de voyager dans chaque collectivité de l’Arctique pour aider les familles à choisir un nom étranger en anglais mieux adapté aux formulaires du gouvernement. Il se souvient de Stu Hodgson l’interpellant à l’aéroport et lui confiant son nouveau mandat. « Je t’en prie Abe, fais-nous disparaître ces numéros d’esquimau; il faut s’en débarrasser! »

Bien que le gouvernement canadien ait arrêté de délivrer les disques numérotés en 1971, l’imposition de noms coloniaux, elle, continue.