1966

Des députés autochtones sont élus à l’Assemblée législative

Le Conseil des Territoires du Nord-Ouest est l’organe directeur des TNO depuis 1921. Pourtant, pendant les premières décennies de son existence, ses membres n’étaient pas élus par les résidents du territoire. La première élection a lieu en 1951 et le Conseil des TNO devient ainsi progressivement plus représentatif des personnes vivant dans le Nord. Malgré tout, la représentation des Autochtones en politique est cruellement négligée aux TNO jusqu’en 1965, date à laquelle Abe Okpik est nommé membre du Conseil, devenant ainsi le premier Inuit à y siéger. Il est suivi en 1966 par Simone Michael, première Inuite élue au Conseil, et, en 1967, par John Tetlichi, premier membre déné nommé au Conseil.

Il a fallu attendre quatre ans et le transfert du gouvernement des TNO d’Ottawa à Yellowknife pour que deux autres représentants autochtones soient élus au Conseil territorial. James Rabesca et Nick Sibbeston remportent les élections territoriales pour leurs circonscriptions en 1970 et deviennent respectivement le premier Déné et le premier Métis élus au Conseil.

Nick Sibbeston déclare : « On nous rappelait constamment que le Conseil territorial n’existait qu’à titre consultatif. Il était composé de dix membres élus et de cinq membres nommés d’office qui venaient du Sud. Les membres nommés étaient là, nous disait-on, pour conseiller et aider les membres élus du Nord qui, selon Ottawa, n’étaient ni assez expérimentés ni assez éduqués pour prendre des décisions par eux-mêmes. » Stuart Hodgson, commissaire des Territoires du Nord-Ouest, était assis à la tête d’une table en U où siégeaient 14 personnes, les membres élus et non élus assis les uns à côté des autres. M. Hodgson contrôlait le budget, la fonction publique et le plan du Conseil territorial pour gouverner le territoire.

Ce système de démocratie « canadienne », fondé sur le vote plutôt que sur un leadership consensuel qui prend en compte les pratiques et les connaissances traditionnelles autochtones, pose des difficultés de compréhension. Il est également compliqué de participer au vote et de faire état des résultats, d’abord à l’Assemblée législative d’Ottawa, puis à celle de Yellowknife. Un des premiers députés des TNO se souvient d’une réunion à Cambridge Bay durant laquelle on lui a demandé de se présenter aux élections et du jour où on lui a annoncé qu’il avait été élu au scrutin. Pourtant, aucun bureau de vote n’était disponible dans sa collectivité, et lui-même n’a pas voté; il n’était donc pas sûr de qui avait voté pour lui!

James Rabesca effectue deux mandats, le premier de 1970 à 1975 et le second de 1995 à 1999. Nick Sibbeston, lui, sert la population ténoise à quatre reprises, dont une fois en tant que Premier ministre. Il siège également au Sénat de 1999 à 2015 où il représente les TNO. Aux TNO, Simone Michael, Nick Sibbeston et James Rabesca sont les premiers dirigeants politiques autochtones élus à avoir plaidé pour que les droits inhérents des Autochtones soient davantage reconnus dans le processus démocratique canadien.

En 1979, le Conseil des TNO devient l’Assemblée législative. Les Territoires du Nord-Ouest se tournent alors vers l’avenir, un avenir sans la surveillance d’Ottawa. Ses députés sont alors plus représentatifs des circonscriptions politiques majoritairement peuplées de Dénés et d’Inuits. La même année, les postes de membres nommés sont supprimés et, sur un total de 22 députés (membres de l’Assemblée législative), quatorze s’identifient comme Autochtones.